samedi 10 juillet 2010

Invitation au XIme Banquet de la Plume


Document trouvé ce samedi.

XIme Banquet de La Plume

Invitation personnelle

Imprimé par Eug. Delatre. Gravure de Jules-E. Sylvestre.



Le rédacteur en chef de la Plume a l'honneur de vous prier d'assister au banquet de la revue qui aura lieu le samedi 9 décembre au Café Restaurant du Palais, 5 place St Michel, sous la présidence du statuaire Aug. Rodin, de la part de MM. Aurelien Scholl, Emile Zola, François Coppée, J. Clarétie, Aug. Vacquerie, Leconte de Lisle, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Francis Magnard, Jose Maria de Heredia, Vice Président.

Prix du dîner 5 fr

Retenir sa place avant le 7 décembre.

A propos de ce onzième Banquet de la Plume on pouvait lire dans la revue :

La Quinzaine artistique et littéraires

Onzième Banquet de La Plume

« Je crois qu'il serait bon de ne pas clore la série des Dîners sans avoir fait à l'artiste qui répond le plus à votre idéal, cela dans chaque branche de l'art, penture, sculpture, musique, etc., le même honneur que celui fait aux hommes de lettres présents ici... » Ainsi parlait M. Coppée, à l'un des derniers dîners ; MM. Zola, Scholl et Vacquerie approuvèrent. Le premier artiste choisi, le maître sculpteur Rodin, était donc assis, le 9 décembre, à la présidence, ayant à sa droite le plus puissant romancier contemporain, l'auteur des Rougon-Macquart, et à sa gauche les poètes Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine. MM. Laurent Tailhade, Georges Moreau, directeur de la Revue Encyclopédique et Léon Deschamps complétaient la table d'honneur. Aux autres tables, 90 convives, l'élite, presque au complet de la jeunesse artiste. Hommes de lettres : Emile Goudeau, Marcel Baillot, J.-L. Croze, Alexandre Boutique, Pierre Trimouillat, Victorien du Saussaye, secrétaire de la rédaction du Fin-de-Siècle, Charles Le Goffic, Maxime Petit, Claude Augé, Robert Scheffer, Henri Mazel, directeur de l'Ermitage, Hugues Rebell, André Veidaux, Adolphe Retté, Paul Masson, Roland de Marès, Albert Tournaire, William Vogt, rédacteur en chef de La Joutte (Genève), Enrique Gomez Carillo, Miguel de Toro, de Estrada, deux confrères étrangers, Paul Brulat, du Journal, Duvernois-Swabacher, de La Patrie, Alphonse Bévyle, Olivier de Gourcuff, Léon Durocher, Henri de Braisnes, Jean Carrère, Burckard, Venard, Geo. Bonneron, Th. Geslain, Léon Riotor, Jules Christophe, Charles Saunier, Joseph Canqueteau, Leroux, Andhré Ibels, Emile Strauss, Martinet, Arthur Bernède, Edgar Héliot, Charles Walter, Louis Miot, Léon Maillard, Alix Jean, directeur de la Gazette du Palais, Detouche, Maurice Bigeon, du Figaro, Ribard (René), de Jonquières, Mallet, H. Durand-Tahier, Henri Degron, A. Demare ; peintres : Jules Sylvestre, l'auteur des deux eaux-fortes ayant servi à l'invitation et au menu, Henri de Toulouse-Lautrec, H.-G. Ibels, Léon Lebègue, Henri Boutet, Fernand Fau, Félix Régamey, Adolphe albert, Camille Ruckert ; statuaires : W.-H. Pécou, Emile Bourdelle, de Viederhausen-Rodo, Alexandre Charpentier ; Graveur : W. Barbottin ; Musiciens : Gabriel Fabre, Jules Le Bayon, ; Artistes dramatiques : Janvier (Odéon), Florent (Variétés) ; Sciences : docteurs : Joseph Gérard, Jeunet, H. Bourbon, Pochet, Vogt ; Architectes : Tschéglé, Jean Fugairon, Steinbrück.

La bombe jetée à la Chambre nous a value les excuses de MM. Auguste Vacquerie, Coppée, Scholl, Claretie, Magnard, Charles Chincholle, Pierre Roche, Adrien Remacle, d'Esparbès, Stuart Merrill, etc M. de Heredia, attaché à son fauteuil par la goutte, a écrit une lettre charmante qui nous est allée au cœur.

Enfin le dessert arrive et, d'une voix forte, Rodin prononce le toast suivant, accueilli par des vivats et un ban formidable :

Messieurs,

Pour vous remercier de l'honneur que vous m'avez fait en m'appelant aujourd'hui à présider ce dîner amical, j'aurais grand besoin d'emprunter un peu de l'éloquence de mes prédécesseurs éminents à cette présidence.

Malheureusement je ne suis qu'un simple manieur d'ébauchoir et, comme la Sculpture est muette, j'ai bien le droit sinon le devoir de me taire.

Néanmoins, bien que je sois un ouvrier d'art voué au silence et par conséquent inhabile à dire les sentiments que j'éprouve le plus vivement, je vous prie de croire, - autant que si j'avais le don de l'exprimer éloquemment, - à la sincérité profonde de ma reconnaissance pour le plaisir que je vous dois.

Je bois donc à vous tous, Messieurs, grands ouvriers de la plume, poètes et prosateurs, qui savez donner la vie à la pensée humaine et, s'il m'est permis d'avoir une préférence, je bois surtout à ceux qui, plus jeunes que moi, ont tout un avenir devant eux pour jeter dans leurs œuvres les hautes rêveries de leur esprit, les fortes émotions de leur cœur, les belles visions et les nobles aspirations de leur âme.

Quelques minutes après le Rédacteur en chef de La Plume se lève à son tour et, les yeux pleins de joie, annonce la bonne nouvelle :

« Mes chers amis, j'ai le plaisir de vous faire connaître le résultat de l'élection pour le présidence du prochain banquet : nos illustres présidents nous ont fait l'honneur de choisir M. Puvis de Chavannes ».

Ce nom est salué d'applaudissements frénétiques.

Puis l'on passe dans la salle des fêtes habituelles et la soirée, un peu houleuse de par la gaieté régnante, se poursuit triomphale pour quelques-uns de nos poètes amis et pour nos chansonniers.

Dernière heure. - Nous recevons au moment de mettre sous presse le télégramme suivant du maître Puvis de Chavannes.

Cher Monsieur, il n'y a pas de santé ni de prudence qui tienne devant tant de bonne grâce. Donc, considérez ma lettre précédant l'élection comme non-avenue et prévenez moi un peu à l'avance, pour que je sois prêt à me rendre au dîner.

Bien cordialement tout à vous.

Puvis de Chavannes.

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