vendredi 29 avril 2011

L'Eventail une enquête sur Baudelaire. 1917.


Apollinaire, Edouard Dujardin, Paul Fort, A. Ferdinand Herold, Rachilde, Henri de Régnier, Jules Romains, J.-H. Rosny, Saint-Georges de Bouhélier, Francis Vielé-Griffin, Willy répondent à une enquête sur Charles Baudelaire dans le numéro 1 de la revue suisse, L'Eventail, du 15 novembre 1917.

Baudelaire

Opinions inédites réunies par L'Eventail


On peut mettre Baudelaire au rang non seulement des grands poètes français, mais des plus grands poètes universels. Il peut toujours nous apprendre qu'une attitude élégante n'est pas du tout incompatible avec une grande franchise d'expression. Les Fleurs du Mal sont à cet égard un document du premier ordre. La liberté qui règne dans ce recueil ne l'a pas empêché de dominer sans conteste, la poésie universelle à la fin du XIXme siècle.
De cette oeuvre, nous avons rejeté le côté moral qui nous faisait du tort en nous forçant d'envisager la vie et les choses avec un certain dilettantisme pessimiste dont nous ne sommes plus les dupes.
Baudelaire regardait la vie avec une passion dégoûtée qui visait à transformer arbres, fleurs, femmes, l'univers entier et l'art même en quelque chose de pernicieux.
C'était là sa marotte et non la saine réalité.
Toutefois, il ne faut point cesser d'admirer le courage qu'eut Baudelaire de ne point voiler les contours de la vie.
Aujourd'hui ce courage serait le même.

Guillaume Apollinaire.


La bonne fée qui veut bien répandre quelques fleurs dans le chemin que tant de mauvaises fées ont semé d'épines, m'a donné sur le tard un ami qui fut, ces dernières années, l 'un des hommes avec qui il m'était le plus agréable de converser. Les sujets de nos causeries étaient limités ; mais aucune des questions d'histoire des religions et de sociologie qui me passionnent ne lui était indifférente ; et dans chacune il avait une opinion compréhensive, fine, personnelle souvent.
Il me dit un jour :
- Je constitue une collection de poètes.
- Vous voulez étudier sociologiquement les poètes ?
- Mais non... Rien que poétiquement... J'aime la poésie, moi aussi, cher ami.
Mon ami ne m'avait pas, jusque-là, fait la confidence de cet amour ; je le félicitai ; nous parlames de quelques poètes ; je nommai Baudelaire.
Mon ami m'arrêta :
- Celui-là, je ne l'aime pas.
Je le regardai, et me tus... Je sus plus tard pourquoi cet homme qui aimait la poésie n'aimait pas Baudelaire ; et voici ; la chose était fort simple.
Ce que mon ami aimait en poésie, c'étaient les mauvais poètes, et, dans les bons poètes, leurs erreurs, leurs faiblesses, leurs tâtonnements ; c'était, plus précisément, la formule couramment harmonieuse, ce semblant de beauté verbale qui épingle les oripeaux aux pensées usagées, c'est-à-dire aux pensées que le poète n'a pas pensées lui-même, aux émotions factices, c'est-à-dire aux émotions qu'il n'a pas senties en son coeur, aux visions rabattues, c'est-à-dire aux visions que son oeil n'a point vérifiées ; autrement dit, le naïf ou roublard effort où se plait un chacun à redire des paroles entendues, en les accommodant de fioritures.
J'ai compris pourquoi mon ami n'aimait pas Baudelaire.

Edouard Dujardin.


Baudelaire ? Un des plus grands parmi nos maîtres éternels.
Toujours les Fleurs du Mal seront le livre de ceux qui aiment les grands vers soutenus d'une musique latente, imbus d'un puissant charme automnal, chargé d'une nostalgie étrangement subtile et suggestive. On peut être infidèle à Musset, à Lamartine, à Alfred de Vigny, à Victor Hugo même : on reviendra toujours à Baudelaire et à Verlaine, qui, sous des aspects et des moyens différents, furent, au dix-neuvième siècle, les deux poètes français dont le charme fut le plus indéniable, le plus prodigieux.
Baudelaire a été le père et l'inspirateur du Symbolisme et des écoles littéraires qui l'ont suivi. Il restera le poète qu'aimeront le plus les poètes de tous les temps futurs : comme les Anciens, il ne vieillit pas, ayant su donner à ses vers un son d'éternité.
L'art de Baudelaire, merveilleux et savant, se revêt de simplicité racinienne, comme celui de Victor Hugo éclate de grandeur et de puissance, comme celui de Paul Verlaine se voile de naïveté. Mais chez tous les trois, quelle sûreté et quelle maîtrise !
La légende de satanisme et de perversité que l'on créa au poète des Fleurs du Mal et en laquelle il put se complaire quelquefois, n'est, en somme, qu'une fantaisie de l'heur, une sorte d'épouvantail pour le bourgeois d'alors, l'horrible philistin des romantiques et de leurs cadets, une charge d'atelier ou de bureau de revue littéraire.
Cinquante ans après la mort de Charles Baudelaire, on lui a fait pleine justice en le dépouillant enfin de tous ces vains oripeaux du moment. Il ne reste à présent de lui que le poète souverain, le dieu.
A tous les jeunes poètes qui le découvrent Charles Baudelaire apporte « un frisson nouveau ».

Paul Fort.


Vous me demandez mon opinion sur Baudelaire ? Je l'admire et je l'aime. Vous en dire plus ? Pourquoi ? Je n'ai guère le loisir d'écrire une longue étude, qui d'ailleurs me rendrait importun ; et, en quelques lignes, je risquerais fort de répéter seulement d'anciennes – ou de nouvelles banalités.

A. Ferdinand-Herold.


J'admire beaucoup le poète, en Baudelaire, mais je n'aime pas l'homme.
Sa vie, qui ne fut qu'une comédie perpétuelle, devait cacher de grandes douleurs on tout simplement une impuissance absolue à les ressentir. Le dandysme ne remplace jamais l'aisance des mouvements naturels, et la nature, lorsqu'elle est bien portée, est certainement la plus belle des parures.
Je suis de ceux qui pensent que Baudelaire est dangereux, non pas par ses écrits, qui ne sont pas d'une lecture facile, heureusement, mais par sa vie elle-même, cette vie factice que l'on connaît peut-être mal et que l'on a le tort de vouloir interpréter... comme on voudrait transposer un morceau de musique difficile pour les petites mains. Toute une génération de littérateurs a imité Baudelaire... surtout dans la pose. Quand voudra-t-on comprendre que le mystère est une des forces du génie !
Si cet homme fut un souffrant qui s'efforçait de cacher sa misère physique, nous lui devrions au moins le silence, une des formes du respect. Et ce grand sacrilège aurait dû se douter que Dieu... était peut-être très malin... de ne paraître qu'en ses oeuvres...
J'ai été, dans ma jeunesse littéraire, surnommée Mademoiselle Baudelaire. Etait-ce un compliment, était-ce une injure ?... mais j'ai un réel plaisir à vous avouer... qu'à vingt-trois ans je ne l'avais pas encore lu.

Rachilde.


Excusez-moi de ne pas vous envoyer d'appréciation sur Baudelaire. J'ai dit ce que je pense de cet admirable poète dans une préface que j'ai écrite pour l'édition des Fleurs du Mal publiée par la Renaissance du Livre. Vous y trouverez ma réponse à votre enquête.

....................................................................................................

Cette perfection de la forme, cette fermeté de la pensée, Baudelaire n'a jamais cessé de la rechercher et de l'atteindre, et il pratiqua toujours l'art classique d'exprimer clairement les idées compliquées ; aussi le malentendu est-il curieux qui accompagna longtemps sa réputation. Nul écrivain moins que lui n'eût dû être considéré comme un écrivain de décadence. Sous le novateur hardi il y avait en lui un classique traditionnel, de même que derrière le nerveux dont la nervosité s'excitait en paradoxes, en mystifications, il y avait un artiste infiniment probe, sévère et consciencieux, un homme scrupuleusement délicat, à qui la vie avait été dure ; celui que devina le subtil Sainte-Beuve lorsque, après la lecture des Fleurs du Mal, il l'accueillit par ces mots : « Ah ! Mon pauvre enfant, comme vous avez dû souffrir ! »

Henri de Régnier
De l'Académie française.


La rumeur distincte que fait en ce moment le nom de Baudelaire au sein du plus assourdissant cataclysme est de nature à nous donner quelque consolation. La Poésie est donc chose assez solide, qu'une gloire de poète puisse résister, et même aviver son éclat, dans le déchaînement de la matière. S'il en est ainsi, ayons un peu de courage ; disons-nous que tout n'est pas fini, et que nous verrons peut-être des vignes sur les côteaux après le retrait du déluge.
Il semblait encore paradoxal, il y a quelques années, de prétendre que Baudelaire est avec Racine et Hugo un des trois plus grands poète de langue française, et que plusieurs de ses poèmes n'ont été surpassés dans aucun temps ni aucun pays. Mais on s'accoutume à cette idée ; et elle deviendra une banalité de manuel.
On peut même soutenir que si Baudelaire est inférieur à d'autres génies pour l'ampleur et la variété des ses compositions, il n'a presque aucun rival en ce qui regarde la profondeur de la sensibilité poétique et la pureté de l'accent. Je crois qu'il l'emporte sur Poe et Shelley. Il faudrait remonter jusqu'aux Anciens pour obtenir une comparaison satisfaisante, jusqu'à Virgile et Lucrèce.
Quant à l'influence de Baudelaire, elle est considérable, et revêt des formes insoupçonnées.
J'ajouterai, pour éviter toute confusion, que le public moyen, et d'ailleurs les générations d'artistes qui nous ont précédés, se sont formés de Baudelaire une image fausse et convenue, ou au moins incomplète, qui explique certaines répugnances. Le Baudelaire satanique n'est plus celui qui compte, ni son romantisme purulent. J'avoue que Baudelaire a rendu l'erreur possible, et le titre même de son principal ouvrage ne me paraît pas excellent à cet égard. Mais à côté, au-dessus du Baudelaire pervers et décadent, du Baudelaire pour esthètes de 1889, il y a un grand poète de la vie moderne, de l'homme moderne, des villes, des ports, des foules ; un poète puissant et sain, un classique.
Je pense que c'est ce poète-là surtout que nous célébrons aujourd'hui.

Jules Romains.


Excusez-moi. Je n'ai pas le temps d'écrire ce qu'il faut penser de l'oeuvre de Baudelaire.
Je me bornerai donc à dire que je suis son admirateur fervent, que je le tiens pour un des poètes les plus originaux et les plus subtils de la France et du monde.

J.-H. Rosny.
De l'Académie Goncourt.


La grandeur de Baudelaire, c'est d'avoir été un poète vrai, qui s'est dépouillé de la verbosité romantique pour aller au fond de la vie intérieure.
La sainte simplicité, voilà ce qui, en littérature, nous sera toujours une grande lumière.
Nous avons en France une littérature très riche ; mais l'une des plus fécondes, en sources, c'est au XIIme et XIIIme siècles que nous la trouvons. Baudelaire ne l'a pas ignoré et son inspiration s'en est enrichie de joyaux sans ombre.

Saint-Georges de Bouhélier.


En France, la littérature poétique post-napoléonienne est née d'une réaction, pour ainsi dire chimique, au contact du Romantisme anglo-germanique : elle est essentiellement hybride ; elle véhicule des éléments mal fondus.
Chez Baudelaire, l'esprit romain s'épanouit et se confirme ; sous l'excitation de l'américain Poe, il semble que le fond celtique ait refleuri : après les diableries romantiques, derrière le démon de la perversité, voici le Diable orthodoxe de Baudelaire.
Mais là n'est qu'en partie l'originalité des Fleurs du Mal ; elle réside, moins en la versification latine et épigraphique de ces poèmes, qu'en l'intégration de la Poésie dans cette forme propice à l'éloquence dès qu'elle abandonne sa sobriété aphorismale.
Ce qu'on pourrait appeler la matière poétique, celle qui est au poète ce que la terre est au modeleur, est infiniment rare dans la littérature française versifiée. Cette matière, condition de l'incarnation poétique de la pensée, combine si intimement la réalité et le rêve; l'idée et la sensation, qu'elle nourrit l'âme de parfums, de rayons, d'harmonies, cependant qu'elle rassasie les sens de spéculations et de songes. On dirait d'une pensée plastique, d'une étreinte idéale : l'âme et le corps participent à la même communion et le souffle des lèvres est, ici, vraiment l'âme.
Certaines strophes dans à Agate, par exemple, illustrent cette vérité ; Correspondance en sont l'analyse.
De tels poètes sont les nourriciers des générations ; ils agissent indirectement sur les meilleurs esprits et les provoquent, non pas au plagiat, domaine du classicisme, mais à la cérébration et à l'ardeur créatrice.

Francis Vielé-Griffin.

A Marseille, il y a une quinzaine d'années, dans son atelier de photographie, Nadar me conta de bizarres détails sur le « nihilisme spécial » de Baudelaire, dont il affirmait l'absolue chasteté, sur ses cravates sang-de-boeuf dont s'émerveillaient les visiteuses de l'Hôtel Pimodan, sur l'effroyable agonie du malheureux P. G. (altération du centre de Broca) dans la maison de santé du Dr Duval, etc.
Disait-il toujours vrai, le vieux bohème ? Je me le demande. Mais ses anecdotes de 1850, comment les vérifier ? Laissant à Jean-Jacques le cynisme instructif des aveux, l'auteur de Mon coeur mis à nu ne chuchotait que des demi-confidences et se racontait – le mot est de Laforgue – sur un mode modéré...
Aussi bien, l'homme nous requiert, ici, moins que le poète cher aux amoureux fervents comme aux savants austères (puisqu'il possède, avec le don des larmes, « les charmes de l'horreur » dont s'enivrent les forts), cher surtout aux gens de lettres qui, malheureusement, s'avèrent incapables d'admirer ce fils aîné des dieux sans nier le génie des autres inspirés. C'est ainsi qu'un Laurent Tailhade, sur les degrés de l'autel baudelériens vers lequel il « léve ses bras pieux » égorge Lamartine, ce « Saint-Joseph de la Muse » (ô Corbière), Victor Hugo, producteur d'absurdes vacarmes, Musset, « lâche bavard », d'autres encore.
... Dans l'oeuvre de Baudelaire, comment ne pas chérir surtout l'Indécis, déjà verlainien, le clair-obscur des « ciels brouillés », la nostalgie des « confuses paroles » et les mystérieuses « Correspondances » qui l'apparentent à Novalis, à Mallarmé, à Meredith, ce rêveur dont les contemporains n'ont pas compris la phrase divinatrice : « Toutes les choses pensent, mais musicalement ».
Pourquoi faut-il que Baudelaire soit devenu la victime des admirations à la mode ? Les femmes du monde l'ont adopté (comme Wagner, Rodin et la peinture néo-impressionniste) par snobisme pur. Avec son joli sourire, si fin, Francis de Miomandre note qu'il est « le poète dont on ne peut pas se passer ». Et, en effet, non seulement les salons le revendiquent, mais le théâtre.
Sur la scène du Vaudeville, une demoiselle extrêment perlière, Régine Flory, s'avance en remuant les hanches jusqu'au trou du souffleur et verjute :

Dans le grand lit conjugal
Gaiement, jusqu'au petit jour.
Relisez les Fleurs du Malentendu
Pour cueillir la fleur d'amour.


(Les revuistes, auteurs de ces conseils érotico-littéraires, est-ce qu'on pourrait pas les fusiller ?)
Dire que jadis ce pédant archaïque de Brunetière, et Faguet, polugraphe crasseux, et toute la bande des Scherer figés l'accablaient de malédictions ! Dire que l'académicien Doumic ne consentait même pas à le nommer dans son « Traité de la Littérature Française » tandis qu'un autre professeur, Lanson, stigmatisait son « esprit sec » !!!
C'était le bon temps.

Willy.


jeudi 28 avril 2011

Jules Renard dans Le Canard Sauvage




Jules Renard

dans le Canard Sauvage


Au Théâtre

Cette pièce, qui n'a pas eu de succès, me charme. Dans la salle, presque personne. Nous aurions l'air d'être entre intimes, si tous ces fauteuils vides ne nous séparaient. C'est une pièce que j'aime entendre, accoudé sur le bras du fauteuil voisin. Je passe une bonne soirée de rêverie, et par discrétion je ne veux pas dire à quelle pièce, puisqu'elle n'a point de succès.

Voilà, une autre pièce, excellente. L'auteur est un bon ouvrier. Il a bien choisi son sujet qu'il traite avec adresse et abondance. Il y a mis de tout, de l'intérêt, de l'action, de l'émotion, de la passion, de l'esprit de théâtre, une espèce de gros talent que je ne peux pas nier. D'ailleurs ça marche, c'est un succès ; le public viendra. J'étais moi-même favorablement disposé : je ne connais pas l'auteur, je ne suis pas jaloux, et pourtant voilà une pièce qui ne m'a fait aucun plaisir.
Que lui manque-t-il ?
Je chercherais si, dehors, je pouvais penser un quart d'heure à cette excellente pièce.

Au contraire, je ne prétends pas que l' « indiscret » soit une pièce réussie, sans trous, mais je suis sûr que c'est l'ouvrage d'un écrivain original. Même quand il agace, il réveille. Edmond Sée (1) me donne, chaque fois qu'il m'invite, l'espoir qu'il a fait, ou la peur, (comme on voudra), qu'il n'ait fait un chef-d'oeuvre. Ce n'est pas rien.

Il y a dans les vaudevilles de mon illustre (« Les Mémoires d'un Jeune Homme rangé » sont classiques en Suède), et délicieux ami Tristan Bernard, une foule de trouvailles qui me ravissent. Et je ne lui en sais aucun gré, parce que s'il est, par ses trouvailles, bien supérieur aux vaudevillistes de naissance, il n'a pas leur profonde sincérité. Il oublie que les affiches de ce genre provoquent des envies de grosse gaïté, de joie animale, de rire corporel et que c'est pour ces besoins-là que le vaudevilliste naïf se créa tout seul. Le vaudevilliste Tristan Bernard n'a pas la foi. Qu'il écrive des comédies humaines et légères... afin que j'aie une raison de lui dire : faites-nous donc un drame !

On est quelquefois tenté de récrire un drame comme « La Tour de Nesle » (2). Pourquoi faire ? Je ne crois pas au drame de « La Tour de Nesle » et il m'intéresse. Je ne crois pas à son style et il m'amuse. Ces deux éléments de curiosité sont nécessaires. Changer l'un deux, ce serait mettre du vrai sur du faux. Ce qui est tout à fait faux me semble préférable à ce qui n'est qu'à demi vrai. La vérité au théâtre a moins de prix que l'unité de ton. Buridan ne peut pas me dire que j'ai un stylet à la main droite, des veines au poignet gauche, et du sang dans ces veines, comme il me dirait : voici une plume et de l'encre rouge, écrivez !

C'est heureux que l'artiste ne se demande jamais pour qui il travaille.
Si chaque soir, sur chaque scène, l'auteur joué regardait une à une, par le petit oeil du rideau, les gueules de ce qu'on appelle une belle salle, le théâtre n'aurait pas un an à vivre.

Ne nous plaignons pas : nous avons déjà plus d'un auteur dramatique qui donnerait son nom au vingtième siècle, si ce siècle, quoique jeune encore, se dépêchait de mourir demain.

Le théâtre X... refuse du monde, oui, mais il en refuse trop.

Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 1, 21-28 mars 1903.

(1) Edmond Sée (1875-1959). L'Indiscret, est créé le 05 mars 1903 au Théâtre Antoine.
(2) Après le succès d'Antony (1831), Alexandre Dumas réécrit la pièce d'un inconnu, Frédéric Gaillardet, La Tour de Nesle (1932), cette pièce consacre le grand succès du drame romantique.

................................................................................


Après une répétition de Crainquebille (1).
Les acteurs sont partis, le théâtre reste vide, la scène n'est plus éclairée que par cette espèce de bâton noir qui brûle sur pied, par un bout, et qu'on appelle, je crois, un diable. Anatole France parle du dénouement de Crainquebille.
- Oui, dit-il, j'ai changé la fin. Crainquebile ne se jette plus dans la Seine. Le public ne s'en ira pas trop triste. Je connais et j'excuse sa faiblesse pour les sauveurs, et je lui accorde « La Souris » qui sauve Crainquebille. Mais ce n'est pas le sauveur attendu, le vieux monsieur riche, par exemple, qui se paie le luxe d'adopter un pauvre. « Souris » n'est qu'un gamin, un petit être faible et en marge. Crainquebille lui dit : « tu n'est pas du monde ! » Ce sauveur, ce n'est pas la société qui le délègue. Les hommes ne saurait le réclamer comme un des leurs, ils n'ont rien à voir à sa bonne action et ils ne peuvent s'en vanter.
Remarquez que « La Souris » loge derrière une palissade, dans une mansarde en ruines. Il habite là-haut, près du ciel, car il est du ciel et non de la terre.
Et d'ailleurs, il ne sauve pas Crainquebille. Un soir seulement il partage avec lui, le pain, le litre de vin rouge et le saucisson. Il ne lui donne asile que pour une nuit, et demain, je vous le promets, quand le public ne le verra pas, Crainquebille ira se jeter à l'eau.

- Mademoiselle, c'est très bien comme ceci, pourtant j'aimerais mieux...
- Ah !
- Voulez-vous essayer comme ça ?
- Oui.
- Je ne le sens pas comme ça.
- Ça ne fait rien, je préfère.
- Bon, bon ! Vous n'avez qu'à demander, je voyais comme ceci, mais vous êtes l'auteur. Vous préférez comme ça, je jouerai comme ça, moi ; comme ceci, c'était mieux, mais comme ça, c'est bien plus facile.

Les grands artistes sont insupportables, mais comme les petits ne le sont pas moins...

- Vous avez été admirable !
- Peuh ! ce rôle-là, c'est le pont aux ânes.
- Tout de même, vous le jouez bien.
- Sérieusement, ça vous plaît ? Dites-moi la vérité !...

- Très gentil, le public, ce soir...
- Oui, d'une indulgence !

Deux, trois, quatre rappels ! Le rideau se baisse et se relève comme une chemise, si complaisamment que toute la salle à l'air de s'éventer.

Quel triomphe ! C'est à cent coudées au-dessus de sa dernière pièce, ce qui la met à cinq cents pieds sous terre.

Gros succès d'argent. Le directeur a dit à la buraliste : « Ma pauvre amie ! Vous n'avez même plus le temps d'aller faire pipi ! »

Chaque dimanche à deux heures, au Jardin d'acclimatation, grande mâtinée populaire par toute la troupe des singes.


Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 2, 28 mars-3 avril 1903.

(1) Crainquebille, pièce en 3 tableaux d'Anatole France créée au Théâtre de la Renaissance le 28 mars 1903.

.............................................................


Une jeune et jolie femme sort du théâtre de La Renaissance et dit :
- J'aime ça, moi, ce Gribouille.
- Vous parlez sans doute de Crainquebille, madame ?
- Oui ! Mais quel drôle de nom ! Où diable l'auteur a-t-il pêché un nom âreil ? D'abord, qu'est-ce que ça signifie ? Jamais je ne me souviendrai de ce nom-là !
Tant pis, j'appellerai cette pièce Gribouille.
- Essayer de dire Crainquebille.
- Ne me demandez pas ça.
- Voyons, chère madame, Crain-que-bille.
- Non, non, Gribouille, Gribouille !

« Irrévocablement. »
Tout petit, j'étais plein de respect pour ce magnifique adverbe. J'ai appris, au théâtre, à le mépriser.

Le public n'écoute pas une tirade, mais il a le sens de sa durée, et c'est presque toujours juste à la fin que ses applaudissements partent. Le bon acteur sait l'avertir par un geste, un éclat de voix ou quelques syllabes moribondes. Il faut qu'il ait besoin de souffler au moment précis où nos mains prennent leur essor. Avec un peu de complaisance réciproque, le coup ne peut pas ne pas réussir

Un auteur qui débute voudrait finir son petit acte par un mot à effet, mais par quel mot ?
- Mettez m... ! lui conseille le directeur, ça relève une pièce.

Oh ! Oh ! Voilà une scène originale, quoique moderne : on n'y téléphone pas.

Le public rit mal ce soir. Il essaie de rire parce qu'il est là pour rire, mais il use son rire comme une une boîte d'allumettes dont pas une ne prend.

Bien qu'il s'en défende et qu'il se croie un cuisinier, l'auteur dramatique est un homme de lettres.

Jurez-moi, Octave Mirbeau, que vous ne vous tuerez point parce qu'on vous aura joué au Théâtre Français.

Malgré tout, il ne faut pas être trop sévère pour le théâtre : l'ennui même y est moins ennuyeux qu'ailleurs.

Du joli théâtre de cirque.
Le clown Kem se promène dans la piste, une petite barrière de bois blanc sous le bras. Il cherche aventure.
Le clown Bos l'invite à jouer au milieu de la piste.
Kem accepte. Il vient, pose devant lui sa petite barrière, essuie ses pieds, lève le loquet, ouvre la porte, et entre au milieu de la piste.
Les deux clowns font une partie de clowns, puis Bos s'en vas, comme il veut. Mais Kem s'aperçoit qu'il ne peut plus s'en aller : un écuyer, par mégarde, a ôté la petite barrière.
- Comment voulez-vous que je sorte ? Dit Kem.
Il faut que l'écuyer remette à sa place la petite barrière. Kem l'ouvre, sort, la referme, et s'éloigne, sa petite barrière sous le bras, en quête d'une autre aventure.

Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 3, 4-10 Avril 1903

..................................................................................


Les Canards au vol aigu
Ne vont pas à l'Ambigu.

Comme a dit, je crois, M. Truffier (1), de la Comédie Française à Athènes.
Je n'ai donc pas vu la pièce de M. Leloir (2). On rapporte que c'est un succès. J'en suis heureux, car il serait injuste que le public fit de la peine à cet artiste célèbre par ses manières avenantes et sa mine éveillée. Si je ne connais pas encore l'auteur dramatique, je connais le juge affable qu'est M. Leloir, et son nom me rappelle, chaque fois qu'on l'acclame, une des demi-heures les plus agréablement coules de ma vie.
C'est au Théâtre Français, dans la salle du comité de lecture au déclin de son règne. Sans avoir menacé personne de me tuer, je venais, grâce à M. Claretie (3), après deux années seulement de patience, lire un petit acte avec lequel j'espérais lever quelquefois, je ne dis pas relever, le rideau de cette immortelle quoique combustible maison.
J'attendais ces messieurs, et je regardais le fameux tableau « la lecture » où l'on voit Alexandre Dumas fils lisant une de ses comédies à des sociétaires ravis, mais d'un autre âge. Je me disais : voilà comme je lirai, voilà comme on m'écoutera, voilà l'effet que je peux produire, et plus tard, qui sait ?... Alexandre Dumas fils aurait tort de se croire pendu à ce mur pour l' éternité.
Ces messieurs entrèrent peu à peu. Comme quelques uns ne me saluèrent pas, je crus que c'était le genre de l'immeuble et je ne les saluai pas. Seul M. Silvain (4) commit la faute de goût de me tendre la main.
Lucien Guitry (5), qui dirigeait alors la scène pour se reposer, m'avait recommandé à quelques sociétaires. Ils ne vinrent pas, tant ils étaient sûrs de mon mérite.
D'ailleurs, par quelques allusions flatteuses à ma qualité d'homme de lettres, M. Claretie, homme de lettres lui-même, me créa tout de suite une atmosphère de politesse sur la défensive.
Comme l'un de ces messieurs, qui s'était à peine couché cette nuit, se plaignait de sa fatigue, on parla sommeil. Quelqu'un dit : j'ai une certaine puissance de travail mais il faut que je dorme !
Je me gardai de le contredire, ce n'était pas le moment.
Enfin on s'assit autour de la table verte. M. Leloir se trouva à ma droite. Je sentis la délicatesse. Il était décoré comme moi. J'appris ce jour-là comment il faut porter sa décoration. Le revers du paletot de M. Leloir était perpendiculaire à sa poitrine, de sorte qu'on voyait le ruban par dessus et par dessous.
Je lus mon petit acte, fort mal, je l'avoue, parce que je ne prétendais pas faire des effets de lecture sur ces lecteurs, les premiers du monde après M. Legouvé (6).
Aussitôt M. Leloir prit des notes. Il en prenait tant, que je risquai un coup d'oeil et je m'aperçus qu'il dessinait.
- Tous les talents, me dis-je ; c'est bien naturel ! Dès que je serais riche, je prierai M. Leloir de venir chez moi, et moi, maître de la maison, pendant que M. Leloir nous dira quelque chose, je jouerai de la clarinette ; ce sera une soirée très réussie.
Tout à coup, un grand artiste, le plus grand peut-être, me dit :
- Je n'entends pas bien.
Lisais-je trop bas ? M. Leloir dessinait-il trop haut ? Il me regardait parfois. Stupeur ou intérêt ? Il prenait sans doute un croquis. Pour ne pas le gêner, je continuai de lire bas.
J'obtins un petit effet au milieu de ma lecture. C'était encore M. Silvain qui n'avait pas pu se retenir d'être un brave homme.
De nouveau, celui des grands artistes qui m'avait adressé la parole, me répéta : « Je n'entends pas bien. » comme s'il ne l'avait pas déjà dit.
J'allais, par déférence, donner de la voix, mais c'était fini. On ne m'applaudit pas, Guitry venait de supprimer la claque qui d'ordinaire accompagnait partout ces messieurs.
Je me levai, cherchant une porte, comme quelqu'un qui a bien envie de sortir. M. Claretie en poussa une et m'introduisit dans le cabinet de Monsieur l'administrateur général qui se trouve être le sien.
M. Claretie ne me parut pas tranquille.
- Comment, lui dis-je, vous croyez que ces messieurs que je ne me suis jamais permis de siffler... ? Vous croyez, par exemple, que M. Leloir, qui est chevalier de la légion d'honneur comme moi, qui a, comme moi, un je ne sais quoi d'auteur dramatique... ?
- Chut ! Me dit M. Claretie.
Il disparut. Longtemps je restai seul, avec un désir singulier, d'abord vague, puis de plus en plus net, et à la fin ardent, d'être refusé à l'unanimité.
M. Claretie revint, très pâle, mais sa pâleur n'avait rien qui me fût personnel : j'étais reçu, après quelle bataille . Je l'ignore ; j'espère pour m dignité, qu'elle a été terrible, et que M. Claretie, qui compte double en cas de partage, a dû se tripler pour me sauver.
- Que vous importe, me dit-il ; vous êtes reçu, et c'est exquis, votre petit acte, c'est du Marivaux.
- Oh ! Maître.
- Si, si, et du Marivaux moderne, croyez-moi.
- Mais je vous crois.
Quel homme aimable, M. Claretie ! Avec un mot bien choisi il empêche un pauvre auteur reçu à la Comédie-Française de se considérer comme le derniers des derniers.

Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 4, 11–17 avril 1903.

(1) JulesTruffier (1856-1943). Ecrivain, poète, comédien, sociétaire de la Comédie-Française.
(2) Louis Leloir (1860-1909). Comédien, sociétaire de la Comédie-Française.
(3) Jules Claretie (1840-1913). Ecrivain, auteur dramatique, administrateur général de la Comédie-Française de 1885 à 1913.
(4) Eugène Silvain (1851-1930). Comédien, nommé secrétaire de la Comédie-Française en 1883.
(5) Lucien Guitry (1860-1925). Comédien, ami de Jules Renard. En 1903 il est directeur du Théâtre de la Renaissance.
(6) Ernest Legouvé (1807-1903). Auteur dramatique, académicien français en 1855.

.............................................................

Portrait de Jules Renard par SEM.


Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 5, 18-24 avril 1903

..............................................................

Samedi dernier, 18 avril, sous la présidence de M. Prudhon qui nous surveillait d'une seconde loge de milieu, la Comédie-Française nous offrait la répétition générale de la pièce d'Octave Mirbeau « Les Affaires sont les Affaires » (1).
Le succès a été grand.
Je n'ai pas encore l'habitude des termes de critique, et si je dis que le succès a été grand, c'est que je veux dire que le succès a été grand. Avec son air de rien, ce mot me suffit.
Qui pourrait ne pas aller voir cette oeuvre considérable par la longueur de ses trois actes en prose, le deuxième est même un peu long, et par ses qualités ? Elle est bien à sa place au Théâtre-Français ; elle y tient, comme le portrait de M. Lechat dans son cadre, entre ses boules électriques.
Elle n'est pas aussi terrible que les abonnés pourraient le craindre, car il arrive à Mirbeau de donner, après un fort coup de marteau qui enfonce le clou, une série de coup de marteau qui ne tapent que sur le meuble, mais elle amuse toujours.
Cent et cent fois j'ai ri. Si j'avais gagné, comme M. Lechat, 50 millions à la chasse aux petits oiseaux, (Ah ! Les salauds !), d'abord je vous prêterais vingt mille louis, une paille ! Et puis je me paierais chaque soir, à cette pièce, une loge où j'inviterais mes amis, l'homme d'argent, l'homme de guerre, l'homme de loi, l'homme d'église, l'homme de peine, l'homme du jour, l'homme du monde et le gentilhomme. Chacun d'eux recevrait son paquet et aucun ne se fâcherait, tant cette violente satire a de jeunesse, d'humeur joyeuse et, ça et là, cocasse. Ah ! Mirbeau n'a pas dû s'embêter à l'écrire.
Je le vois qui s'excite de trouvaille en trouvaille :
- Je vais leur jeter ça encore à la face !
- Prenez garde, Mirbeau, ce n'est peut être pas dans le caractère de M. Lechat.
- Mais c'est le mien !

De là une fin qui a failli ne point passer comme le reste, je dis la fin et non le dénouement.
Le Dénouement, c'est le fils de Lecht écrabouillé, comme un simple troupeau de moutons par l'automobile. Plus réellement que jamais, un dieu sort d'une machine.
La fin, c'est Lechat repris, en pleine douleur, par sa férocité d'homme d'affaires.
Quelques sages ont garanti une centième à Mirbeau s'il atténuait cette fin, une deux-centième s'il la supprimait. Il a tenu bon. C'est crâne et c'est malin, car son audace lui vaudra cent autres représentations de plus.
Cette fin elle-même ne me choque pas. Ce qui me gêne plutôt, c'est la douleur de M. Isidore Lechat à la mort de son fils Xavier Lechat. Elle m'a paru sans bornes, ingigne d'une canaille. J'ai cru qu'il en crèverait d'apoplexie. Il souffrait comme trente-six lions.
Alors quoi ? M. Lechat adorait donc son fils ?
M. Lechat est donc un brave homme de père ?
Et s'il nous force à « marcher » par ses sanglots, s'il tire de son malheur tout l'effet possible, un effet énorme, comment veut-il qu'une minute après j'admire sa rage clairvoyante contre Phinck et Gruggh ?
Pas si vite, que Diable ! Mirbeau, laissez-moi le temps d'acclamer M. de Féraudy qu'étouffe un coup de sang paternel.
Mais ce n'est qu'un détail et je m'en fous, comme dit joliment Mlle Lara. Quel dommage qu'elle ne fasse que rapporter le mot d'un autre ! Quand elle le rugira pour son compte personnel, elle sera divine.
M. de Féraudy est l'Antoine de la Comédie-Française.
Il y avait à faire dans son rôle. Les grosses affaires sont les grosses affaires. Il les a réussies presque toutes. Antoine qui siégeait à l'orchestre marquait, sans doute par modestie, une petite préférence pour M. Leloir.
Madame Pierson m'a ravi. Quand on sort de celle maison de folie qui s'appelle un théâtre, on n'est jamais sûr de grand'chose. Je suis sûr que Madame Pierson a été parfaite.
Je m'aperçois que je me permets de juger des artistes de cette valeur après une répétition générale. Ils n'aiment pas ça. Je m'excuse ; peut-être ont-ils été mauvais à la première.

Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 6, 25 avril-1er mai 1903

(1) Les Affaires sont les Affaires, comédie en 3 actes d'Octave Mirbeau. Reçue à la Comédie-Française après de longues polémiques, elle fut représentée pour la première fois le 20 avril 1903. Distribution : Isidore Lechat : Maurice de Féraudy. Marquis de Porcellet : Louis Leloir. Germaine Lechat : Louise Lara. Mme Lechat : Blanche Pierson. Xavier Lechat : Georges Berr. Lucien Garraud : Raphaël Duffos.

...............................................................................


Marthe Brandès (1) à la Campagne (Photographie)

Elle apparaît blanche sur un fond de feuillage d'Automne.
Elle semble la tige de toutes ces feuilles et ses cheveux sont dans les feuilles comme un nid fin où repose un rêve.
Voilà le front d'une femme qui pense ; je suis aimée.
Les yeux disent : nous sommes bons, mais pas si bêtes !
Elle vient de parler et le dernier mot de cette bouche entr'ouverte ne doit pas être loin.
Un rayon de soleil, qui jouait sur le nez, s'en va ! Ce rayon-là peut aller se coucher !
A cause de son coeur, un pli du corsage est plus droit que les autres.
Elle est pâle de tenir toutes ses promesses, de femme dans la vie, au théâtre de reine.
Elle a mis un tablier, ce matin, pour recevoir ceux qu'elle attend, mais comme l'intrus peut venir, la Princesse Georges garde ses mains dans les poches de son tablier de servante

Jules Renard.
Le Canard Sauvage.
N° 7, 2-8 mai 1903.

(1) Marthe Brandès (1862-1930). Comédienne, devint sociétaire de la Comédie-Française en 1896. En 1903 elle joue aux côtés de Lucien Guitry dans l'Adversaire d'Emmanuel Arène et Alfred Capus au Théâtre de la Renaissance.
...................................................


Monsieur Vernet, acte 1, scène V, VI et VII.

Tous nos lecteurs ont vu ou iront voir la pièce nouvelle de M. Jules Renard, dont la première fut, au Théâtre Antoine, un triomphe, et, dans le théâtre, un événement.
Mais les pièces de Jules Renard procurent mieux que le plaisir d'un moment, et l'on goûte encore à les lire un charme d'une plénitude plus savoureuse, intime et profond.
C'est une bonne fortune pour le « Canard Sauvage », ce sera une richesse pour sa collection, de pouvoir publier ici, le premier, une des scènes capitales de « Monsieur Vernet ».

Le Canard Sauvage
N° 9, 16-22 mai 1903



Les chroniques de Jules Renard, reprisent sur Livrenblog :

Vamireh, roman des temps préhistoriques par J. H. Rosny (« Les Livres » Mercure de France N° 28 d'Avril 1892)
Baisers d’ennemis par Hugues Rebell (« Les Livres » Mercure de France N° 33 septembre 1892)
La Force des choses par Paul Margueritte (« Les Livres » Mercure de France N° 18 Juin 1891)
Les Emmurés, roman par Lucien Descaves (« Les Livres » Mercure de France, Janvier 1895)
Bonne Dame d'Edouard Estaunié (« Les Livres » Mercure de France, janvier 1892)
Les Veber's (« Les Livres » Mercure de France, octobre 1895)
L'Astre Noir par Léon–A. Daudet ("Les Livres" Mercure de France, janvier 1894)
Le Roman en France pendant le XIXe siècle par Eugène Gilbert (Plon). ("Les Livres" Mercure de France, février 1896)



mardi 26 avril 2011

Achim d'Arnim. Contes Bizarres. Illustrations de Valentine Hugo



Achim d'Arnim : Contes Bizarres. Introduction par André Breton. Préface de Théophile Gautier. Traduction de Théophile Gautier fils. Editions des Cahiers Libres.1933, 19 x 26,5 cm, 204 pp., couverture rempliée. Illustrations de Valentine Hugo. 50 exemplaires sur Japon avec une lithographie originale de Valentine Hugo et 2000 exemplaires sur vélin.

Robert de Montesquiou et Jean Lorrain par Henry Bataille.


Le Comte Robert de Montesquiou


M. de Montesquiou a été longtemps la victime de sa propre légende, c'est une histoire fort commune ; chacun a une légende absolument indépendante de la vérité, parfois diamétralement adverse, souvent absurde, souvent clémente ; c'est une affaire de chance : on a sa légende comme on a sa bonne on mauvaise étoile. Des facétieux et des ignares écrivirent à la craie sur la redingote jadis vert émeraude de M. de Montesquiou : Amateur. Le mot reste. En réalité rien n'est plus faux qu'une telle appellation à propos d'un tel homme. Il n'y a pas amateurisme quand il y a science... Nul n'a caressé de plus près la syntaxe, nul ne connaît une éloquence plus rapide et plus amusante, les ressources les plus clownesques de la langue française. En vérité, il est en désaccord avec le goût de l'époque sur la définition du mot « artiste » dont Flaubert a donné la formule dernière, qui est celle de la souffrance et de l'abnégation totale. Lui, de très bonne foi et sans pose, en est resté à une formule quinzième siècle, celle de l'improvisation : voilà la vérité, c'est un improvisateur. Il improvise partout, à cheval, à pied, en voiture. Il laisse des vers derrière lui. Son œuvre ressemble à ces arbres de mi-carême criblés de papiers multicolores, confettis et concettis, dirait-il : c'est une improvisation perpétuelle. Il improvise à propos de tout, sur tout, sans restriction : l'important est qu'il jette un pétale. Il est probable qu'à ses yeux un vers n'existe pas en soi : bon ou mauvais, il appartient à l'ensemble cristallisé non seulement du livre, mais de l'oeuvre à venir. Il improvise à la vie pour la remercier ; c'est une façon de rossignolade, et quand il chante devant le roi, il chante sa chanson la plus compliquée. Sa voix n'est qu'un fragment de son geste, si l'on peut dire... Certes, un dilettante, et d'un dilettantisme d'information forcenée. Il respire la vie avec un intense plaisir. Des deux façons de la percevoir, ou de la ramener toute à soi, ou de s'extérioriser le plus possible vers elle, avec amour, il a choisi la dernière. C'est à cette impersonnalité respectueuse, - et cela il faut l'admirer beaucoup par le temps qui court – que s'est voué M. de Montesquiou. Je dis bien respectueuse, car pareille impersonnalité engendre le respect des choses, des êtres, de la conscience intégrale du monde. Et c'est pour avoir mal compris qu'on a accusé M. de Montesquiou de servitude devant les gloires, d'humilité calculée. Je vois, au contraire, un rare et beau signe d'âme dans cette inclinaison devant le génie particulier de chaque être et de chaque chose. Ce souci scrupuleux d'impersonnalité engendre aussi un éclectisme bien curieux et bien appréciable chez un être qui a touché à tant d'esthétiques. Il a eu soin de ne les brancher sur aucune formule, il s'est soigneusement préservé de ce parasite tentateur, l'idée générale. Son esprit critique procède simplement par admiration : et si c'est là la définition du dilettantisme, eh bien, apprenons.

On peut admirer quatre choses chez M. de Montesquiou, en tout ou en partie, à notre choix : ses vers, sa prose, sa personne ou sa maison. Ces quatre motifs sont à importance égale. Il les livre au même titre à notre attention. Il ne se froisse pas qu'on en élimine l'un ou l'autre. Son monument de poésies est, pour mon compte, ce que j'aime le moins. Il est plus hâté, moins condensé qu'on ne le souhaiterait. Cependant, dans ces dernières années, M. de Montesquiou s'est efforcé vers la perfection. Ses Perles rouges sont d'une note réfléchie, tout à fait particulière dans son œuvre. Mais quelle verve satirique, quelle maîtrise ironique dans tel chapitre de prose comme la République de Saint-Frusquin, petit chef-d'oeuvre entre tant de pages toutes séduisantes ! Il y a du reste, chez cet homme, un lyrisme d'ironie très classique qui ne nous a pas encore dit son dernier mot.
L'oeuvre littéraire, M. de Montesquieu l'a voulue inséparable de l'homme. Il faut s'incliner devant cette décision sans la discuter et l'admettre. De l'attitude, il n'y a rien à dire ici : ce n'est pas le lieu. Il faudrait soulever à nouveau la périodique question du dandysme et de ses transformations sociales. Je me contenterai de constater que M. de Montesquiou paraît avoir été le plus personnel du genre, le plus français. En vérité, son cas, il y a cent ans, n'eût pas été isolé : aujourd'hui, il renoue un peu proprement la tradition. Nous avions eu de pitoyables essais : la simiesque saleté de Barbey d'Aurévilly, l'odeur de brasserie républicaine de cet autre oripeau littéraire, Villiers de l'Isle-Adam ; cela faisait l'admiration des écoliers de lettres ; c'était « la gloire à la crasse » de la rive gauche. Et je dirai tout net qu'il est odieux d'entendre blaguer M. de Montesquiou par ces bons jeunes gens en capes espagnoles qu'on rencontre au bras de leurs bien-aimées, et dont toute la coquetterie distinguée, - mais qui n'abdique jamais, - s'est réfugiée dans le pli gras de leurs cheveux. Ah ! qui dira la laideur traditionnelle de l'homme de lettres ! Voilà bien une laideur particulière à notre siècle et de son invention. Mais laissons cela. Peu de sujets deviennent aussi facilement vexants que celui de l'aristocrate contre le « commun ».
Tout le monde, du reste, au fond, du petit au grand, cherche une attitude. Elle est plus ou moins réussie, voilà tout. Ne pas en avoir (je ne m'en suis aperçu qu'à la longue) constitue la plus prétentieuse. Mais, en tous cas, l'attitude est un long apprentissage du goût et du sens de la haine : elle ne s'improvise pas.
Tout vêtement est une signature terrible de l'individu. La perfectibilité extérieure, alors qu'on s'y adonne, est un résultat moral comme un autre, un total comme l'oeuvre elle-même. Et, quel que soit ce résultat, lorsqu'il réussit, il a exigé, en vérité, toute une science. En art pareillement. On entend quelquefois des rapins passer devant Burne-Jones, et, levant les épaules, s'esclaffer et injurier avec haine, de toute leur force : « Quel !...» Il faudrait tout de même leur enseigner que, mis à part l'esprit et les tendances de la chose, elle représente cinquante ans de métier, cinquante ans d'aristocratie intellectuelle, et que la plaisanterie retombe sur l'imbécile. La science acquise d'une recherche a donc le droit de la protéger contre l'insulte téméraire. Voilà ce que les demi-artistes ne savent pas assez.
La science acquise de l'attitude, M. de Montesquiou l'a à un très haut degré. Mettez un anglomane à côté, vous vous en rendrez compte.
Rien n'est plus malaisé que la grâce affectée. On s'aperçoit du goût de quelqu'un, surtout quand il lui est nécessaire d'être de mauvais goût. Cela arrive. Mettre à point une hideuse cravate, accomplir un geste suranné, exigent infiniment de tact. Il y a les tentations communes et peu de gens savent ne pas mettre une rose à la boutonnière.
Monsieur de Montesquiou est un homme heureux. Il hait la lésion de la sensibilité. La vie lui est un vaste goûter, et la pensée une vaste érudition. Il a un cerveau en déménagement avec beaucoup de caisses clouées, un fouillis de choses privilégiées, des cadeaux.
Au milieu de tout cela, il va le regard clair, faisant la nique à l'émotion, sachant la joie et le luxe de tout. Je l'entends dire souvent à la recherche d'une découverte : c'est une erreur.
Il est à la recherche d'une « consécration ». Et j'estime qu'il ne faut pas sourire de l'homme qui se dit le matin en mettant un myosotis au revers de sa redingote : « Pour lui faire plaisir ! Ce sera la journée du myosotis. » Au fond, il n'y croit pas plus que vous, mais il estime que la vraie culture humaine c'est l'esprit - dans le sens de spirituel, bien entendu. - La souffrance est universelle, les bêtes l'ont : nous avons seuls le sourire, et cet homme s'en allant rejoindre au ciel ses aïeules, dont il a la bouche et le maintien, saura quitter l'existence en souriant, pour la remercier dignement.
Quant à la survie, il en est assuré.
Par une métaphysique lie poète dont personne avant lui ne s'était aussi ingénieusement avisé, il s'est préparé l'immortalité la plus enviable. En dehors de ses livres où il a planté des pimprenelles d'octosyllabes qui fleuriront en l'avenir, il a voulu se perpétuer dans une fleur et dans un oiseau. A l'hortensia et à la chauve-souris, il a incorporé les cendres de son esprit, sûr de revivre désormais et quoi qu'on fasse en eux : c'est d'un éloquent panthéisme qu'envieraient des morts plus glorieux. Voilà bien une espèce de précaution digne d'un Japonais. Et puisque ce qualificatif prestigieux se présente, disons qu'il a, en vérité, « l'état d'âme japonais », l'élaboration patiente, exclusive de la plastique des sentiments humains. Il a même, dans toute sa personne, un peu l'air de là-bas - jusqu'en ses mains veuves d'éventail – cette sorte de dessèchement particulier à ces hauts dignitaires, d'ordres un peu mystérieux, comme il y en a dans tous les pays, et qu'on ne sort qu'à certaines fêtes rares de l'année. Il a dans la démarche la grâce vieillotte d'un mikado-poète en promenade, et dans les rides heureuses du visage incliné je ne sais quelle suavité diocésaine un jour de gala.

Henry BATAILLE.
La Renaissance Latine, N° 1, 15 mai 1902


Jean Lorrain


C'est une sorte de grand barbare, un barbare authentique, installé dans l'Urbs boulevardière, où il apporte et prodigue depuis vingt ans ses instincts de sang et de volupté, sa compréhension raffinée de la ville, son sens des ironies locales, sa politique madrée d'oriental ou de Celte (car on ne saurait discerner au juste son origine réelle), et mêlant à cela, au goût des arts et de la culture, les brutalités les plus solitaires ou les plus criminelles. Du barbare il a, en effet, le goût des bijoux et des gemmes, des parfums forts, des teintures, des matières adornées, des poisons, des éthers, l'irrésistible attraction vers les châtoiements de turquerie, l'amour du bazar et le fétichisme superstitieux des choses. Du barbare, il a la convoitise gourmande et l'amusement artiste, et aussi une sensibilité d'enfant très douce, facilement en larmes, une sincérité à tout propos qui s'attendrit en paroles véhémentes, alors presque câlines avec des retours enfantins et de vieux chagrins, et - dominant le tout, - par delà les émois, le scepticisme, la méchanceté, les colères, les ambitions, une candeur, une grande candeur mal dissimulée qui fait le fond véritable de cette nature où tout le reste a mis ses greffes et ses entes profondes.
On a la sensation, n'est-ce pas, qu'il n'est, point d'ici. Pourquoi ? Des rêves authentiquement héréditaires on dirait qu'il les porte encore dans ses gros yeux aux lourdes paupières tombantes de mystique ; des images de mer et de fée s'entrecroisent réellement en eux. Ce n'est pas acquis cet amour du passé, ce n'est point de la pose ni de la littérature cette antiquaillerie de contes et de ballades. Il adore ça. Il y a vraiment en lui comme des ancêtres qui pleurent, toute une race peut-être directe de normands qui lui vantent à son insu les vieilles aventures de leur horde libre, - les pieds nus dans les boues et les coussins impériaux.
Sa figure claire aux maxillaires assassins, prête pour le casque et le turban, dit nettement les alternatives qu'il y a en son âme de raffinement et de bestialité. On y sent renaître par instants et par bordées, la brute torrentueuse en proie aux poussées de l'instinct, et, d'ailleurs, d'un instinct mal défini où se heurtent comme chez les êtres primitifs les atomes mâles et femelles de l'obscure origine. C'est, avec le goût de la débauche lâchée par la ville, la solitude des désirs effrayants et la volonté de se ruer au peuple, source de toute force à laquelle les quintessences lasses viennent parfois demander le fort parfum de l'ail et du gros vin.

Il n'y a pas d'amalgames disparates dans une âme. Ses contradictions ne sont qu'apparentes et elles se rattachent toutes, à un type fixe d'individu. Il ne faut parfois qu'un mot pour nous le faire comprendre, mais ce mot parfois nous échappe et jusqu'à ce que nous l'ayions trouvé nous rassemblons mal les éléments épars d'une personnalité. Ce mot est bien pour Jean Lorrain : Barbare.
Il se présente à nous comme tel. Dans une foule il fait une tache colorée, à quoi on reconnaît toujours une espèce de prestige exotique. Il se détache violemment sur le fond gris des gens et il lui serait difficile de dissimuler cette sincérité bouillante vraiment extraordinaire qui fait sa caractéristique. Tantôt blessé, tantôt furieux, tantôt veule ou éperdu de rosserie, bégayant d'émotion, on le voit un peu partout pleurant d'un beau vers, mourant d'une glace mal digérée. Il se laisse aller à lui-même avec un peu d'épouvante et infiniment de volupté. Il s'exagère.
Il a aimé créer des fantômes à ses diverses images. Il a voulu s'incarner dans des types, et c'est à cause d'un narcissisme perpétuel que nous connûmes Bougrelon, Phocas, et l'étonnant Vorousof. Mental, trop mental, il a créé des êtres plus compliqués que lui-même et mille fois plus décadents, parce qu'il ignora toujours peut-être cette candeur innée qui est, comme nous le disions, le meilleur de sa nature. Cher Phocas ! Il satanise les vices les plus simples, il rend neurasthéniques les bijoux rien qu'à les regarder, morphinomanes les vases de Gallé rien qu'à les toucher avec ses mains tâteuses de princesse burne-jonesque en quête de l'anneau perdu. On le voit pâle comme du temps de Musset pour la moindre nuit d'orgie. Il chante « les névroses », les fameuses névroses ! Confiture de pourriture, raisiné de mal-à-l'âme, avec quelque chose de second empire dans sa courtisanerie, M. de Phocas, reluisant parmi les gibbosités de ses bijoux et les viornes de ses cravates, nous est un type acquis désormais, très cher après tout et bien français, bien nous, pour l'alliage insolite et absurde de l'art à la volupté, du factice à l'instinct, pour le sadisme poëmatiqne dont l'exégète parfaite est cette divine Anactoria de Swinburne, « qui voulait faire des blessures harmonieuses à l'aimée afin de les sentir après avec sa langue ». Quand M. Lorrain souffre ; M. de Phocas s'exténue ; quand M. Lorrain se contracte, M. de Phocas se crispe. M. Lorrain l'a forgé dans son enfer, où Satan est devenu ouvrier d'art ; il l'a forgé d'un souffle lourd et amplifié avec délices.
D'Aurevilly n'a jamais fait mieux que ce Vorousof, qui a sur ses congénères la supériorité d'être sincère et vécu, en des inimitables impulsions. En plus, éclatent, dans le style descriptif de son auteur, à tout bout de champ, des paysages, des notations d'atmosphères, si puissamment aspirées, par des poumons, semble-t-il, supra-sensibles de malade. - Que l'on a, dans ces livres, à côté de la pire fermentation des âmes, le contraste de la nature saine, toute vraie, avec la pureté de ses vents, et toute la nappe de son ciel ! Alors le style piaffe et se colore magistralement, et c'est net ainsi qu'un beau fichu de paysan. dans le soleil. – Jusqu'à reprendre les errements de des Esseintes, et les princesses Trimegistes.
Il semble que, fatigué de ces choses damnées, M. Lorrain se repose un peu, lassé sans doute d'avoir trop étreint. Le Barbare blessé, - aux maxillaires assassins - fait trêve maintenant, du haut de sa terrasse encore rêveur comme Tristan.
J'aime à le supposer hanté de quelque songe familier, où domine le goût et l'amour du sang, du sang jeune et frais qui coule aux poignets des adolescents, du beau sang de vie et de jeunesse qui sera son suprême regret.
Et de tout cela auront germé des oeuvres qui nous laissent, à les avoir lues d'un trait, cette longue persistance d'arôme que, l'été, on emporte démesurément en soi pour avoir rencontré quelque part, en ses promenades, la putride solitude d'un lys ou l'odeur hystérique des châtaigniers en fleurs.

Henry BATAILLE.
La Renaissance Latine, N° 2, 15 juin 1902
Henry Bataille dans Livrenblog : Henry Bataille.




lundi 25 avril 2011

La Renaissance Latine 1902-1905.




La Renaissance Latine
Revue mensuelle, littéraire, artistique et politique

Directeur : Louis Odéro. À partir de février 1903 : Constantin de Brancovan.
Paraït le 15 de chaque mois sur 160 pages de texte environ.
Paris, 25, rue Boissy-d'Anglas.
Dépositaire pour Paris : A. Charles. Dépositaire pour la province et l'étranger : Nilsson, Per Lamm, successeur.
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. G. Binet-Valmer, 25 rue Boissy-d'Anglas. Le secrétaire de la Rédaction reçoit tous les jours de semaine de 3 à 5 heures.





N° 1. 15 Mai 1902.
Gabriel Hanoteaux : La Renaissance Latine. Jose-Maria de Heredia : Malaguena. Prof. A. de Gubernatis : Les Latins d'Autriche-Hongrie. Pierre Louÿs : Balzac péremptoire et la fausse Esther. N. Vaschide : Les Latins du Danube. André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. Henry Bataille : Le Comte Robert de Montesquiou.
Revue du Mois :
La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. Société Nationale des Beaux-Arts : Louis Rodéo. Exposition des Artistes Indépendants : T.R.S. L'Art en Italie : Diego Angéli. L'Art à Bruxelles : Octave Maus. L'Art à Athènes : Tèlos. Les Livres Français : G. Binet-Valmer, Pierre de Querlon, Georges Casella. Les Livres Italiens : Diego Angeli. Les Livres Espagnols : Fray Candil. Les Livres de la Suisse française : Maurice Trembley. Les Livres Grecs : Télos. Les Livres de l'Amérique Latine : Edouard Reyer. Les Livres Arabes : Ferdinand de Martino. Les Théâtres Français : Gaston Salandri. Les Théâtres Italiens : Domenico Oliva. Les Théâtres Espagnols : Fray Candil. Les Théâtres Roumains : Hélène Vacaresco. Les Théâtres Grecs : Télos. Théâtre de l'Opéra-Comique – Pelléas et Mélisande : Florencio Odero. La Scola Cantorum : Déodat de Sévérac. Le Mois Musical : M.-D. Calvocoressi. Les Revues : Albert Erlande. Le Monde à Paris, Rome, Madrid, Bucarest. Athène.
N° 2. 15 juin 1902.
Paul Adam : Les Idées Aïeules. Henri de Régnier : Poèmes. Maurice Barrès : Un Nouveau fragment de la « Mort de Venise ». M.-A. Soto, Vargas, Vila, Blanco Fombona, Ruben Dario, C. Zumeta : L'Avenir des peuples latins d'Amérique. Marcel Boulenger : La Tradition (Nouvelle). Robert de Montesquiou : Deux Muses. - I. André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. - II. Henry Bataille : Jean Lorrain.
Revue du Mois : La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. L'Art : Louis Rodeo, J.-M. Sert, L. Bachelin. Les Livres : G. Binet-Valmer, Marcel Boulenger, P. de Querlon, G. Casella, D. Angeli, Fray Candil, Ephrem Vincent, Maurice Trembley, N. Vaschide, F. de Martino. Le Théâtre : Gaston Salandri, Domenico Oliva. La Musique : Déodat de Sévérac, M. D. Calvocoressi. Les Revues : Albert Erlande. Le Monde à Paris, Madrid, Athènes.

N° 3. 15 juillet 1902.
Gabriel Tarde : L'Impérialisme. Jean Moréas : Le Prologue d'Ajax. Professeur G. Sergi : Pour la Renaissance Latine. Charles-Louis Philippe : La Mère. Robert de Montesquiou : Deux Muses. - II. Claude Ferrare : Faï-Tsi-Loung (Nouvelle). Fray Candil : La Presse Madrilène et la critique littéraire en Espagne. N. Vaschide : Petits Bonhommes d'un petit pays. Paul Leclercq : Les Chalettes de Venise.
Revue du Mois : La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. Les Livres Français : G. Binet-Valmer, Albert Erlande, Pierre de Querlon, Marcel Boulenger.
Les Livres Italiens :
Diego Angeli
.
Les Livres Grecs.
Télos.
Les Livres Portugais :
Xavier de Carvalho
.
Les Théâtres Français :
G. Salandri
. Les Théâtres Roumains : G.-J. Jonnesco-Gion.
T. Ralli-Scaramanga :
L'Art à Paris.
M. D. Calvocoressi :
La Musique.
Albert Erlande :
Les Revues. - Le Monde à Paris, Rome, Madrid, Athènes.

N° 4. 15 août 1902.
E. Gayet : Mes Fouilles d'Antinoë. Albert Erlande : Poèmes. A.-D. Xénopol : Roumains et Hongrois. Enacryos : Les Aventures de Setné. - I. Louis de Saugy : Les Mines d'or de l'Indo-Chine. J.-L. Caragiale : Le Cierge de Pâques (Nouvelles). André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. - III.
Revue du Mois : A. Gilbert de Voisins : La Flute et le Tambour. Les Livres : Marcel Boulenger, Albert Erlande, Ed. Jaloux, Pierre de Querlon, A. Gilbert de Voisins, Georges Casella, Diego Angeli, Fray Candil, X. de Carvalho, N. Vaschide, L. Kitzo, F. de Martino. - Les Théâtres : Gaston Salandri, Domenico Oliva, Télos. - L'Art : T. Ralli-Scaramanga, Diego Angeli. - La Musique : Déodat de Séverac. - Les Revues : Albert Erlande, L. Rodeo. - Le Monde à Paris, Bucarest, Athènes, Buenos-Ayres, Madrid.

N° 5. 15 septembre 1902.
Paul Adam : L'Oeuvre du Feu. Léonce Depont : Poèmes. Xavier de Carvalho, L. B. Tamini, A. Pietri -Daudet : L'Avenir des Peuples latins d'Amérique. Rachilde : Le Coeur du Moulin (Nouvelle). Louis de Saugy : Les Mines d'or de l'Indo-Chine. II. Enacryos : Les Aventures de Setné (Fin). Marius-Ary Leblond : Les Latins d'Afrique.
Revue du Mois : La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. Les Livres : G. Binet-Valmer, Albert Erlande, Ed. Jaloux, Georges Casella, Pierre de Querlon, Tèlos. - Les Conférences : M. D. Calvocoressi. - L'Art : Diego Angeli, René Jean. - Les Revues : Albert Erlande. - Le Monde à Rome, Madrid, Athènes.

N° 6, 15 octobre 1902
A.-D. Xénopol : La Question Israélite en Roumanie. XXX : La Poursuite. Domenico Oliva : De l'Influence Française en Italie. Pierre de Querlon : Les Joues d'Hélène (Roman). - I. André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. - IV. Georges Grappe : La Tradition de Versailles. Henry Bataille : Pages.
Revue du Mois : La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. Les Livres : Hugues Rebell (sur Emile Zola), Paul Adam, Henry Bataille, André Lebey, Georges Casella, Diego Angeli, Maurice Trembley, Xavier de Carvalho, Blanco Fombona. - Les Théâtres : Gaston Salandri, Dr F. T. Marinetti, Frasinet, Télos. - L'Art : Diego Angeli. - La Musique : M. DM. Calvocoressi, Deodat de Séverac. - Les Revues : Albert Erlande, Xavier de Carvalho. - Le Monde à Paris, Rome, Madrid, Athènes, Le Caire.

N° 7. 15 novembre 1902.
Henri de Régnier : Beyle et Barbey. Victor Marie : Poèmes. Ugo Ojetti : L'Invasion du Théâtre Français en Italie. A. Gilbert de Voisins : L'Ile Enchantée (Nouvelle). André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. - V. Pierre de Querlon : Les Joues d'Hélène (Roman). - II. Marcel Boulenger : Tybalt et Syndon. L.-W. Hawkins : Hors-texte.
Revue du Mois : La Flute et le Tambour : A. Gilbert de Voisins. Les Livres : Georges Casella, Pierre de Querlon, Mme Hortense Paquier, Télos, Blanco Fombona. - Les Théâtres : Gaston Salandri, Domenico Oliva, Villegas, Télos. - La Musique : DM. Calvocoressi. L'Art : René Jean, Diego Angeli. - Les Revues : Albert Erlande. - Le Journal d'Alfred Jarry : Le Monument de Boulaine.

N° 8. 15 décembre 1902.
Paul Adam : L'An. Charles Baudelaire : Poème inédit. Maurice Barrès : Page d' « Amori et Dolori Sacrum ». Princesse A. de Caraman-Chimay : L'exclue (Nouvelle). Marcel Mielvaque : Une Politique de demain. Henry Bataille : Lucien Muhlfeld. André Lebey : Napoléon III et l'Idée Latine. (Fin). Albert Erlande : Le Paradis des Vierges Sages (Roman). Xavier de Ricard : Questions Espagnoles. Hors-Texte : Autographe de Charles Baudelaire.
Chroniques : M.-D. Calvocoressi : Claude A. Debussy, critique. P. Chalmers Mitchell : Lettre d'Angleterre. Magnus von Wedderkop : Lettre d'Allemagne. Albert Gayet : Lettre d'Egypte. Claude Ferrare : Lettre de Turquie. Le Journal d'Alfred Jarry : De la douceur dans la violence.
Le Mouvement Latin : France. - Italie. - Espagne. - Portugal. - Belgique. - Suisse française. - Roumanie. - Grèce. - Amérique Latine.

2e année, N° 1. 15 janvier 1903.
Emile Faguet : Menus propos sur la Critique. Comtesse de Noailles : La Nouvelle Espérance (1re partie). André Chénier : Pages inédites (1re partie). J.-H. Rosny : La Morale de l'Esclaves. Albert Erlande : Le Paradis des Vierges sages (Fin). A. Gilbert de Voisins : Inventions.
Chroniques : Péladan : Chronique artistique. M. D. Calvocoressi : Chronique musicale. G. Dorys : Lettre de Macédoine. P. Chalmers Mitchell : Lettre d'Angleterre.
Le Mouvement Latin : Bibliographie – Revue des Revues.

2e année, N° 2. 15 février 1903.
René Viviani : La Liberté d'Enseignement. Henri de Régnier : Les Rencontres de M. Bréot (1re partie). John Ruskin : La Bible d'Amiens. Traduction de M. M. Proust. - I. Comtesse de Noailles : La Nouvelle Espérance (2e partie). André Chénier : Pages inédites (fin). Gilbert Stenger : Les Hommes du Consulat. André Picard : Tristan Bernard. Albert Gayet : L'Ile de Philæ. D. Calvocoressi : La Musique. G. Dorys : A l'Etranger : Maroc. - Macédoine.
Mouvement Latin : Les Livres. - Les Revues.

2e année, N° 3. 15 mars 1903.
Abel Hermant : Paul Hervieu. Henri de Régnier : Les Rencontres de M. Bréot (2e partie). Fernand Gregh : Poèmes. Eugène Aubin : A travers le Maroc septentrional (1re partie). Comtesse de Noailles : La Nouvelle Espérance (fin). Maurice Muret : Le Poète Giovanni Pascoli. John Ruskin : La Bible d'Amiens. Traduction de M. M. Proust (fin). Léon Blum : Les Théâtres. Péladan : Les Nouvelles salles de peinture au Louvre. M. D. Calvocoressi : La Musique. G. Dorys : L'Impérialisme de Guillaume II et les Etats-Unis.
Le Mouvement Latin : Les Livres. - Les Revues.

2e année, N° 4. 15 avril 1903.
Louis Bertrand : La Renaissance classique. J.-A. Coulangheon : Les Jardins d'Adonis. Jacques Vontade : Du Viminal à l'Aventin. - I. Francis Jammes : Elégie. Alfred Berl : Les Réformes en Macédoines et le Contrôle Européen. Henri de Régnier : Les Rencontres de M. Bréot (fin). Dr Paul Sollier : L'Ecriture en Miroir. Eugène Aubin : A Travers le Maroc septentrional. - II. Léon Blum : Les Théâtres. M. D. Calvocoressi : La Musique. G. Louis-Jaray : Le Développement économique du Brésil. Henri Malteste : Les Livres et les Revues.

2e année, N° 5. 15 mai 1903.
Maurice Barrès : Les Amitiés françaises (1re partie). Mme Catulle Mendès : Poèmes. René Boylesve : Comédie sous la Balustrade (1er partie). Charles Loiseau : La Politique du Simplon. - I. J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - I. Jacques Vontade : Du Viminal à l'Aventin. - II. Robert d'Humière : M. Pierre Loti et son dernier livre. H. Gauhier-Villars : Berlioz et Wagner. Gabriel Mourey : Les Salons de 1903. - I (La Société Nationale des Beaux-Arts). Léon Blum : Les Théâtres. Marcel Mielvaque : La Vie politique et sociale. A. Gilbert de Voisins : Les Livres : L'Inconstante, par G. d'Houville. M. D. Calvocoressi : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 6. 15 juin 1903.
Maurice Barrès : Les Amitiés françaises (2e partie). Pcesse A. de Caraman-Chimay : Impressions d'Italie. René Boylesve : Comédie sous la Balustrade (2e partie). J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - II. Jacques Fromental : La Question juive et l'Esprit national en Roumanie. André Picard : Monsieur Malézieux. C.-A. Maybon : Marseille et les ports francs. Léonce Depont : Poèmes. Julien Luchaire : Les Congrès de Rome. Edouard Dolléans : Hygiène publique et Justice sociale. Gabriel Mourey : Les Salons de 1903. - II (Société des Artistes Français). Marcel Mielvaque : La Vie politique et sociale. A. Gilbert de Voisins : Les Livres : Questions d'Histoire et d'Enseignement par Ch.-V. Langlois. M. D. Calvocoressi : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 7. 15 juillet 1903.
Maurice Barrès : Les Amitiés françaises (3e partie). Comtesse de Noailles : La Prière devant le Soleil. J. Paul-Boncour : La République et la Décentralisation. René Boylesve : Comédie sous la Balustrade (3e partie). Charles Loiseau : La Politique du Simplon. - II. J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - III. Louis Guilaine : Le Canal de Panama. Dr Paul Sollier : Le Goût de la Vie. Georges Gaulis : La Conscience d'un Peuple. Marcel Mielvaque : La Vie politique et sociale. A. Gilbert de Voisins : Les Livres : Sanguines, par Pierre Louÿs. M. D. Calvocoressi : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 8. 15 aoüt 1903.
Maurice Barrès : Les Amitiés françaises (fin). Edgard Milhaud : Les Elections au Reichstag. René Boylesve : Comédie sous la Balustrade (fin). Georges Gaulis : Léon XIII. François Porché : Poèmes. J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - IV. Henri Lapauze : L'Académie de France à Rome. Albert Gayet : La Civilisation byzantine en Egypte. Albert-Emile Sorel : Musiciens français contemporains. A. Gilbert de Voisins : Les Livres : Epilogues et Prétextes. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 9. 15 septembre 1903.
Jean Schlumberger : Le Mur de verre (1re partie). Charles Dumont : Vers l'Entente franco-anglaise. Jacques Vontade : Pie X. Laurent Evrard : La Jeune Sorcière (poème). Charles Loiseau : La Seconde Etape du Rapprochement. J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - V. Paul Louis : Les Bases de l'Impérialisme. Alfred Poizat : Figures de la Renaissance. Henri Lebeau : Au Mont Athos. A. Gilbert de Voisins : Les Livres : Vieilles maisons, vieux papiers, par G. Lenôtre. M. D. Calvocoressi : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 10. 15 octobre 1903.

P.-J. Toulet : L'Etrange Royaume (Nouvelle). Charles Guérin : Poèmes. Henri Albert : La Force française en Alsace. Jean Schlumberger : Le Mur de verre (2e partie). Léopold Mabilleau : La Mutalité française. - I. Léon Blum : Le Théâtre de M. Gabriel d'Annunzio. J. Barbey d'Aurevilly : Second Memorandum (dernier inédit). - (fin). Julien Luchaire : A propos d'Alfieri. Georges Grappe : La Race d'Oxford. M. D. Calvocoressi : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 11. 15 novembre 1903.
Mirabeau : Lettres inédites au Bon Ange. - I. Ctsse Mathieu de Noailles : L'Exhortation (Nouvelle). Pierre La Chesnais : La Représentation proportionnelle à la Chambre. Jean Schlumberger : Le Mur de verre (fin). Léopold Mabilleau : La Mutalité française. - II. Charles Chanvin : Ode. Charles Loiseau : La Russie et les Réformes intérieures. Maurice Muret : Jeunes Esthéticiens d'Italie. Eugène Aubin : Au Maroc : Le Sultan et la Cour Chérifienne. - I. XXX : Un Nouveau livre sur Bismarck. Léon Blum : Les Théâtres. Florencio Odero : La Musique. Bibliographie. - Revue des Revues.

2e année, N° 12. 15 décembre 1903.
Emile Faguet : Les Idées littéraires de Nietzsche. Marcel Mielvaque : La Vertu du Sol (1re partie). Mirabeau : Lettres inédites au Bon Ange. - II. Henry-David Thoreau : Walden ou La Vie dans les Bois. - I. Camille Mauclair : L'Esprit Romain et l'Art Français. Jeanne Sienkiewicz : Poèmes. Comte C. de Sabini : La Crise Méridionale en Italie. Eugène Aubin : Au Maroc : Le Sultan et la Cour Chérifienne. - II. Gaston Rageot : Abel Hermant (Les Confessions). Charles Loiseau : L' « Exclusive » et l'Affaire Saint-Jérôme. Léon Blum : Les Théâtres. Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 1. 15 janvier 1904.
Albert Sorel : Baron Bidard. Frédéric Houssay : Le Transformisme de Spencer. Mirabeau : Lettres inédites au Bon Ange. - III. Marcel Mielvaque : La Vertu du Sol (2e partie). Georges Dumas : Auguste Comte amoureux et mystique. Henry-David Thoreau : Walden ou La Vie dans les Bois. - II. Jean Renouard : Poèmes. Georges Lecomte : Eugène Carrière. François Albert : Le Dualisme Austro-Hongrois. Gaston Rageot : La Littérature militaire. A. Juvé de Buloix : La Question cléricale en Espagne. Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 2. 15 février 1904.
Francis Jammes : Pomme d'Anis. Victor Basch : Le Centenaire de Kant. Marcel Mielvaque : La Vertu du Sol (3e partie). Carlos Fischer : Essai de psychologie alsacienne. - I. Pierre de Bouchaud : Poème. Louis Guilaine : Le Canal de Panama. Richard Wagner : Sur les poèmes de Franz Liszt. Xavier de Ricard : Castelar. Gaston Rageot : La Famille au théâtre (le Dédale). Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 3. 15 mars 1904.
Abel Hermant : Guy de Maupassant. Pierre de Nolhac : Voltaire et Mme de Pompadour. XXX : Les Chemins de fer et l'Etat. - I. Marcel Mielvaque : La Vertu du Sol (fin). Sébastien-Charles Lecomte : Poèmes. Carlos Fischer : Essai de psychologie alsacienne. - II. Albert Métin : Le Japon aristocratique et militaire. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Le Journal d'un écrivain. Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 4. 15 avril 1904.
Leconte de Lisle : Lettres sur le Siège et la Commune. Claude Anet : Les Bergeries (1re partie). Paul Louis : L'Ouvrier devant l'Etat. Paul Lafond : Les Châteaux des Trois Mousquetaires. Charles Derennes : Poèmes. XXX : Les Chemins de fer et l'Etat. - II. Georges Grappe : Carducci. Albert Métin : L'Inde bas de l'Impérialisme. - I. Florencio Odero : Le Bayreuth français. André Rivoire : Les Théâtres. Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 5. 15 mai 1904.
Henry Bordeaux : Le Coeur des Races. F. Clément-Simon : Le Premier Ambassadeur de la République française à Constantinople. Auguste Dupouy : Poèmes. Claude Anet : Les Bergeries (2e partie). A. Suarès : Lord Spleen en Cornouailles. - I. M.-D. Calvocoressi : M. Felipe Pedreli et le Drame lyrique espagnol. Albert Métin : L'Egypte et les relations franco-anglaises. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Le Succès de M. René Bazin. A.M. - L.G. : La Vie Latine (Europe, Amérique). Bibliographie. - Revue des Revues.

3e année, N° 6. 15 juin 1904.
Edmond Sée : Henry Becque. Ctesse Mathieu de Noailles : Poèmes. Jérôme K. Jérôme : Réflexions oisives d'un oisif. C.-A. Maybon : L'Outillage du Midi de la France. Claude Anet : Les Bergeries (3e partie). A. Suarès : Lord Spleen en Cornouailles. - II. André Chaumeix : Notes sur les Salons de peinture. Albert Métin : L'Inde bas de l'Impérialisme. II. André Rivoire : Les Théâtres. Albert-Emile Sorel : Le Poète et le Romancier chez Henri de Régnier.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe. Louis Guilaine : Amérique.

3e année, N° 7. 15 juillet 1904.
Paul Mariéton : Encore Georges Sand et Musset (inédits). André Lichtenberger : Les Centaures (1re partie). Albert Erlande : Poèmes. Léon Polier : Les Grèves agraires du Languedoc. Claude Anet : Les Bergeries (fin). M.-D. Calvocoressi : La Renaissance de la musique latine. Albert Métin : La Question du Congo. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : La Défense du roman.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe. Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). XXX : La Ligue d'Action Latine. Maurice Muret : Le Mouvement intellectuel. - Italie.

3e année, N° 8. 15 août 1904.
Alexis Bertrand : P.-J. Proudhon et les Lyonnais. Rudyard Kipling : Lettres du Japon. Yvonne Vernon : Claire Marel (1re partie). Emile Despax : Poèmes. André Lichtenberger : Les Centaures (2e et 3e parties). Edgard Milhaud : Le Congrès socialiste international d'Amsterdam. - I. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Fernand Gregh.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe. Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). Maurice Muret : Italie. XXX : Roumanie. Boris Tannenberg : Espagne (Le Mouvement intellectuel).

3e année, N° 9. 15 septembre 1904.
J. Michelet : Le Rhône et l'Amour. Marcel Mielvaque : Waldeck-Rousseau. Louis Bertrand : Paysages africains. Colette Willy : L'Orage. André Lichtenberger : Les Centaures (4e partie). Edgard Milhaud : Le Congrès socialiste international d'Amsterdam. - II. Yvonne Vernon : Claire Marel (2e partie). Gaston Rageot : Où en est M. Paul Bourget.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe. Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). Maurice Muret : Italie. Marcel Rouffe : Roumanie. Boris Tannenberg : Espagne (Le Mouvement intellectuel).

3e année, N° 10. 15 octobre 1904.
Léon Séché : Sainte-Beuve et Port-Royal. Henry Bordeaux : Balzac et Mme de Hanska. André Lichtenberger : Les Centaures (fin). Jean de Faville : Regards vers l'horizon. Albert Métin : Impressions de Sibérie et de Russie. Yvonne Vernon : Claire Marel (fin). Albert Gayet : Les Acteurs des Jeux olympiques d'Antinoë. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Un Psychologue des sentiments : Th. Ribot.
La Vie Latine : Marcel Rouffe : Europe, Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). Maurice Muret : Italie. Boris Tannenberg : Espagne (Le Mouvement intellectuel).

3e année, N° 11. 15 novembre 1904.
Antoine Bibesco : Le Jaloux. Fr. de Nion et E. Roca : Les Chroniques chantées du dix-septième siècle. Jean Lionnet : La République de Panama. Paul Hyancinthe Loyson : La Demeure. N. Vaschide : Le Sentiment musical chez les aliénés. Camille Mauclair : La Volonté des roses. Paul Louis : Le Commerce des pays latins. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Le Roman de la morale : Marcel Prévost.
La Vie Latine : Marcel Rouffe : Europe, Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). Maurice Muret : Italie. Boris Tannenberg : Espagne (Le Mouvement intellectuel).

3e année, N° 12. 15 décembre 1904.
Grazia Deledda : La Jument noire. Frédéric Nietzsche : Les Allemands et la civilisation. Louis Haugmard : Un gentilhomme du XVIIe siècle : C. de Sévigné. Paul Acker : Les deux amants. Edouard Dolléans : Une expérience communiste : New-Harmony. Julien Luchaire : Un épisode de la lutte des classes. Albert Métin : Le Succès du président Roosevelt. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Les Livres.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe. Louis Guilaine : Amérique (Bulletin politique). Maurice Muret : Italie. Marcel Rouffe : Roumanie. Boris Tannenberg : Espagne (Le Mouvement intellectuel).

4e année, N° 1. 15 janvier 1905.
René Boylesve : Petits Bateaux pour Seringapalam. J. Paul-Boncour : Décentralisation et monopole. Jean-Louis Vaudoyer : Quatre poèmes. J. de la Jaline : Canton. Angel Ganivet : L'individualisme espagnol. Constantion de Brancovan : Quatre années de régime libéral en Roumanie. Marcel Mielvaque : La Vie française : le Délégué du Ministère. André Rivoire : Les Théâtres : le Bercail, le Roi Lear. Gaston Rageot : Education et Démocratie. - Les Livres.
La Vie Latine : Albert Métin : L'Italie et les ouvriers de la voie ferrée. Le nouveau ministère espagnol. L'assainissement de la monnaie. Louis Guilaine : La doctrine de Roosevelt et les dettes américaines. La dette colombienne. Le Mexique au début du Xxe siècle. Maurice Muret : Prose, de M. Giosuè Carducci. Le prochain roman de M. Fogazzaro. La Nuova Antologia et M. Cena. Le poète Giovanni Pascoli. Boris Tannenberg : Un lauréat du prix Nobel : D. José d'Echegaray. Silhouettes de jeunes : Martinez Ruiz.

4e année, N° 2. 15 février 1905.
Camille Vergniol : Le Vol de l'Aigle. Marius-Ary Leblond : Vigny inconnu. Louis Vauxcelles : Le Carnet de Marianne (1re partie). Sébastien Charles Leconte : Regarde vers le bas!... Maxime Leroy : Stirner contre Proudhon. Albert Métin : Les Elections canadiennes. Marcel Mielvaque : La Vie française : la jeune fille et le mariage. André Rivoire : Les Théâtres : Petite peste, Les Merlereau. Gaston Rageot : Un type social : M. de Courpière. - Les Livres.
La Vie Latine : Albert Métin : Constitutionnels et catholiques en Italie. Le nouveau ministère espagnol. Le vote roumain en Transylvanie. Les Koutzo-Valaques en Macédoine. Louis Guilaine : Le protectorat des Etats-Unis sur Saint-Domingue. Le principe de la « porte ouverte » en Amérique. L'ambassade du Brésil à Washington. Maurice Muret : La question du théâtre national. La dernière pièce de M. Rovetta : Il Ré Burlone. Une histoire du roman italien par M. Alberlazzi : l'Etude sur M. d'Annunzio. Boris Tannenberg : Tolède et l'âme espagnole contemporaine.

4e année, N° 3. 15 mars 1905.
Paul Adam : Les Lions (1re partie). J.-E. Blanche : Jean-Louis Forain. Louis Vauxcelles : Le Carnet de Marianne (fin). Alfred Moulet : La Nouvelle Jeunesse universitaire allemande. Albert Métin : La Politique et les partis en Angleterre. Marcel Mielvaque : La vie française : Le Maître d'école. André Rivoire : Les Théâtres : La Massière. Gaston Rageot : Tristan Bernard. - Les Livres.
La Vie Latine : Albert Métin : La crise ministérielle en Italie. Les élections législatives en Portugal. Résultats des élections en Roumanie. Louis Guilaine : Un projet financier français au Brésil. La situation politique des deux Amériques. Maurice Muret : Quatre femmes-auteurs : Mmes Grazia Deledda, Regina di Luanto, « Teresah », Amelia Rosselli. Boris Tannenberg : Silhouettes de jeunes : Pio Baroja.

4e année, N° 4. 15 avril 1905.
André Bellesort : Souvenirs de Roumanie. Baron de Maricourt : Une Idylle sous le Directoire. Paul Adam : Les Lions (2e partie). Hélène Vacaresco : Poèmes. Albert Métin : Le Maroc et les puissances. Marcel Mielvaque : La Vie française : Une grande industrie nationale : l'épargne. Gaston Rageot : Le Don Juanisme des jeunes femmes. Les Livres. XXX. : Les Théâtres.
La Vie Latine : Albert Métin : Projet d'institut agricole international. Le nouveau ministère et l'ancienne politique en Italie. Les relations austro-italiennes. Le percement du Simplon. Le protectionnisme en Suisse. La situation générale en Espagne. Le traité de commerce italo-suisse. La Suisse et les traités internationaux. Louis Guilaine : Le rapprochement de la Colombie et des Etats-Unis : une lettre de M. Luis Rico, ministre de Colombie à Berlin. Les dessous des affaires vénézuéliennes. L'action latine à la Plata et au Chili. Perspectives argentines. Maurice Muret : Deux livres nouveaux : l'Idioma gentile, par M. E. De Amicis. Quidam, par M. E. Boutet. Boris de Tannenberg : M. José Echegaray et la jeune Espagne.

4e année, N° 5. 15 mai 1905.
Miguel de Unamuno : En marge du Don Quichotte. Camille Mauclair : Notes sur la technique et le symbolisme de M. Rodin. Paul Adam : Les Lions (3e partie). Raphaël-Georges Lévy : Problèmes africains – Chemins de fer transsahariens. Marthe Lussy : Poèmes. Albert Métin : L'enseignement français et les missions catholiques. André Rivoire : Les Théâtres. Gaston Rageot : Maurice Barrès; - Bulletin bibliographique.
La Vie Latine : Albert Métin : Italie : Le dernier acte de la grève des chemins de fer, l'entrevue de Venise, l'incident de Tripoli. Espagne : Affaires diverses. Roumanie : Les finances et la conversion. Louis Guilaine : La « porte ouverte » à Panama. L'action des Etats-Unis dans l'Amérique latine. La campagne présidentielle au Brésil. Le Brésil et ses emprunts. L'action latine et le centenaire de Don Quichotte. Maurice Muret : Un maître de la critique : M. Bonaventura Zumbini. Boris de Tannenberg : Nécrologie : Don Juan Valera. XX. : Le troisième centenaire de Don Quichotte à Paris.

4e année, N° 6. 15 juin 1905.
J.-E. Blanche : James Mac Neil Whistler. Marcel Proust : Sur la lecture. Paul Adam : Les Lions (fin). Amédée Prouvost : Poèmes. Gustave Hue : Un complot de police sous le Consulat. Albert Métin : Le Commerce et la Politique de l'Allemagne. G. R. : Bulletin bibliographique.
La Vie Latine : Albert Métin : Europe : La Conférence internationale de Berne. Italie : Politique méditerranéenne et armements maritimes. Roumanie : L'Etat et les terrains pétrolifères. L'incident de Janina. Maurice Muret : Les projets de M. d'Annunzio et de Mme Serao. Roveto ardente, par Mme Tartufari. Boris de Tannenberg : Les Etudes hispaniques en France. Un Jésuite en Sorbonne : Le P. Mariana.

Bibliographies de revues dans Livrenblog :

Revue L'Image, bibliographie complète et illustrée.
Bibliographie de la revue Le Beffroi (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
Bibliographie illustrée et complète du journal Le Pierrot (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
La revue Palladienne de 1 à 10
.
Les Contemporains A. Le Petit F. Champsaur.
La Revue des Lettres et des Arts 1867-1868.
La revue Matines. 1897-1898.
Le Bambou, Bibliographie illustrée.

Le Carillon.
1893-1894
La Revue d'Art. 1896-1897.
Les Gerbes. Revue littéraire bimensuelle. 1905 - 1906.
Le Feu, Marseille, 1905-1906.

La Rose Rouge, 1919. Cendrars, Salmon, Carco.
La Revue Contemporaine, Lille. 1900 - 1902
Le Thyrse. 1897.
La Cité d'Art et L'Art et l'Action. 1898 - 1899.
L'Idée Moderne 1894-1895.

Le Nouvel Echo 1892-1894.
La Poésie Moderne, 1882.

La Pléiade. 1886 et 1889.
La Basoche 1884-1886.
L'Aube Méridionale 1898-1899.
L'Élan littéraire 1885-1886.